ACTUALITé - FAITS DIVERS
Trois ans après, l'hommage de la République à Clarissa Jean-Philippe
France-Antilles Guadeloupe 09.01.2018
F.-X. G.Un hommage officiel a été rendu à la jeune policière martiniquaise Clarissa Jean-Philippe, hier à Montrouge.
Après l'hommage présidentiel, dimanche, aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, c'est Gérard Collomb qui a rendu hommage, lundi à Montrouge, à la policière martiniquaise tuée par Ahmédy Coulibaly.
« Chère Clarissa, a lancé Étienne
Lengereau, le maire de Montrouge, vous aviez choisi Montrouge pour
entrer dans la vie active et c'est à Montrouge que vous avez croisé
le terroriste Ahmédy Coulibaly qui vous a assassinée... »
Après l'hommage présidentiel rendu dimanche
à Paris aux victimes de l'attentat de Charlie Hebdoet de
l'Hyper Casher, avait lieu hier, à Montrouge, l'hommage à Clarissa
Jean-Philippe, policière municipale stagiaire, tuée le 8 janvier
2015. Georges Brival, Martiniquais, résident de Montrouge, était
déjà sur place après le drame, il y a trois ans : « C'est normal
que je sois présent pour rendre hommage à Clarissa parce que c'est
une compatriote qui a été exécutée froidement sur son lieu de
travail. Ça s'est passé il y a trois ans sur le territoire français
et pour moi, elle est devenue une martyre. » Peu avant 14h30 hier,
le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, accompagné de la
ministre des Outre-mer, Annick Girardin, ont rejoint les maires de
Montrouge, de Malakoff et de Paris, le président du département des
Hauts-de-Seine, Patrick Dévedjian, le vice-président de la Région
Île-de-France et ancien patron de la police nationale, Frédéric
Péchenard, et une foule d'élus à l'endroit même où la vie de la
jeune Martiniquaise fut fauchée par les deux balles dans le dos,
tirées par Ahmédy Coulibaly au niveau du 95 de l'avenue
Pierre-Brossolette. Du côté de la commune de Malakoff, un véritable
autel à la mémoire de Clarissa fait toujours vivre son souvenir. Il
y a son portrait, des fleurs, des bougies, des fleurs, des
poèmes... De l'autre côté de la chaussée, côté Montrouge, il y a la
plaque officielle inaugurée par le président Hollande, à deux pas
de la petite avenue de la Paix, à laquelle est désormais accolé le
nom de la policière municipale, avenue de la Paix-Clarissa
Jean-Philippe, une belle association pour celle qui voulait garder
la paix, a souligné le ministre de l'Intérieur. C'est à l'endroit
où elle est tombée que les officiels ont déposé leurs couronnes et
gerbes de fleurs hier, avant la minute de silence, la sonnerie aux
morts et la Marseillaise.
« UNE HÉROÏNE DE LA RÉPUBLIQUE »
« C'était il y a trois ans, a déclaré le
ministre de l'Intérieur, la France, le monde se réveillaient sous
le choc... Clarissa Jean-Philippe prenait son service... » Celle
qui avait suivi les cours de l'école de police de Pantin était en
stage à Montrouge quand elle a été appelée sur un accident de la
circulation. « Elle a perdu la vie, a insisté Gérard Collomb, parce
qu'elle portait un uniforme. Elle est devenue notre héroïne à tous,
une héroïne de la République. » Le ministre a rappelé que Clarissa
avait été élevée à titre posthume au grade de chevalier de la
Légion d'honneur.
La cérémonie, sobre, n'a pas duré plus de
20 minutes. Aujourd'hui, une autre cérémonie doit avoir lieu au
même endroit. Cette fois, c'est la ville de Malakoff qui va
inaugurer une plaque mémorielle en hommage à Clarissa. Il n'y aura
ni président Macron, ni ministres, mais il y aura la maman de
Clarissa, qui atterrit aujourd'hui à Orly.
F.-X. G., à Paris

Clarissa, grande oubliée des commémorations
?


Jean-Michel Martial, président du CReFOM,
était présent, accompagné par le président du Collectif-dom, le
Martiniquais Daniel Dalin : « Le CReFOM se devait d'être là pour
soutenir la famille de Clarissa qui est dans le deuil, être là pour
honorer l'engagement de Clarissa et pour rendre hommage à ceux qui
assurent notre défense et qui font qu'on se sent en sécurité. Ce
n'est pas rien et parfois ça coûte une vie. » Un discours apaisant
et à l'encontre du message que son prédécesseur à la tête du
CReFOM, Patrick Karam, a propagé sur tweeter avec cette adresse à
?@emmanuelmacron : « Toutes les vies ne se valent pas! Grande
oubliée des commémorations officielles la Martiniquaise Clarissa
Jean-Philippe qui a quitté son île natale pour une carrière dans la
police municipale a été arrachée à l'amour des siens par la haine
semée en Orient. »
Jean-Michel Martial estime que la
République a fait le job et ne veut pas polémiquer : « La
République lance un message, prend date et annonce aux terroristes
qu'elle est debout et qu'elle assure la défense et la protection de
la population. » « Non, Clarissa n'est pas oubliée, surenchérit le
délégué interministériel Jean-Marc Mormeck! La preuve, il y a du
monde, les ministres sont là, les médias, la famille... Je ne pense
pas qu'elle soit oubliée. » Justine Sonia, la tante de Clarissa,
très émue par cet hommage, ne croit pas non plus que Clarissa ait
été oubliée la veille, à l'occasion des hommages aux autres
victimes des attentats de janvier 2015 : « Non, ça ne m'a pas
choquée du tout, au contraire, parce que Clarissa a été tuée le 8
janvier et c'est ce 8 janvier qu'il fallait lui rendre hommage. »
La veille, elle avait bien trouvé que Clarissa était un peu mise à
part, « parce qu'on ne parlait pas trop d'ell... Ça m'a fait mal au
coeur... » Mais hier après la cérémonie de Montrouge, finalement,
elle ne regrettait « pas spécialement » l'absence du président de
la République (en déplacement en Chine) : « C'était bien
finalement... Je ne vais pas dire que la présence du président de
la République n'est pas importante, mais c'était bien comme
c'était... »
Pour autant, Sonia sait que si chaque 8
janvier, chaque année, elle et les siens se sentent accompagnés, «
après, quand c'est passé, on se sent un peu abandonné, un peu seul
et c'est pas facile. »