Ebola : un infirmier du CMCK en route vers la Guinée-Conakry

Ebola : un infirmier du CMCK en route vers la Guinée-Conakry

Propos recueillis par Stéphanie BOUILLAGUET
Yannick Ruaux-Morison part en mission de 36 jours dans un centre de traitement Ébola de la Croix-Rouge en Guinée-Conakry (SB)
Yannick Ruaux-Morison part en mission de 36 jours dans un centre de traitement Ébola de la Croix-Rouge en Guinée-Conakry (SB)

Yannick Ruaux-Morison, 26 ans, travaille aux urgences du Centre médico-chirurgical de Kourou. Le 15 décembre, il partira en mission humanitaire dans un centre de traitement Ebola de la Croix-Rouge, en Guinée-Conakry. Toutes les précautions seront prises avant son retour en Guyane. Rencontre.

Vous quittez la Guyane à la fin de la semaine pour travailler dans un centre de traitement Ebola en Guinée. Comment va s'organiser cette mission ?
Après une formation de dix jours en métropole, nous partons le 26 décembre en Guinée forestière, à Macenta, où la Croix-Rouge a ouvert un centre de traitement Ebola disposant de trente lits. Nous nous occuperons des soins propres au virus Ebola et nous ferons de la formation des professionnels sur place. Nous partons pour une mission de trente-six jours. À notre retour en France, nous passerons vingt et un jours « en quarantaine » , avant de revenir en Guyane (lire ci-contre). Il n'y a donc aucun risque de contamination à notre retour.
Ebola est une maladie très grave, contagieuse et souvent mortelle. Dans quel état d'esprit partez-vous ?
On a toujours le risque en tête. Mais le dispositif de la Croix-Rouge est très sécurisé. On connaît les modes de contamination de cette maladie, à savoir par contact direct avec les fluides corporels. Les soignants portent une combinaison de protection étanche. Le plus grand risque de contamination a lieu pendant les phases d'habillage et de déshabillage. À nous de prendre toutes les précautions possibles. On ne doit pas commettre la moindre erreur.
Allez-vous recevoir des formations spécifiques ?
Nous avons déjà été formés au CMCK à l'accueil et à la prise en charge des patients présentant un risque. Tous les hôpitaux de Guyane sont prêts à recevoir un patient.
Nous allons en plus recevoir en métropole une formation de dix jours sur les techniques de sécurité propres au virus Ebola.
Qu'est-ce qui vous motive à partir ?
Je suis arrivé en Guyane il y a un an et demi, avec l'objectif de rentrer à la Croix-Rouge. Je souhaite me professionnaliser dans l'humanitaire. J'ai pu entrer au CMCK. Quand la Croix-Rouge a lancé son appel aux volontaires, je me suis décidé. Ce n'est pas un projet décidé à la vavite, il a été mûrement réfléchi.
Comment votre entourage a-t-il réagi ?
Il y a eu toutes les réactions. Certains sont très contents pour moi, tout en me disant de faire très attention. D'autres ne comprennent pas. Ils me font des blagues douteuses, du type : « Choisis ton cercueil » , ou encore « Quand tu rentres, tu ne me touches pas » . Ebola fait peur, ça se comprend. Alors on répète le même discours : si l'on part, c'est par envie personnelle, par souhait de faire de l'humanitaire.
(1) Unité des maladies infectieuses et tropicales.
À Cayenne, l'hôpital prêt à accueillir les malades
Le centre hospitalier Andrée-Rosemon (Char) se prépare à devenir le 13e établissement de santé de référence français pour la prise en charge des cas suspects ou confirmés d'Ebola.
1- LES PERSONNELS FORMÉS
À l'heure actuelle, selon Dominique Delpech, directeur du Char, plus de deux cents professionnels de l'hôpital ont été formés au protocole de prise en charge des cas suspects d'Ebola. Le Char s'est déjà livré à deux exercices grandeur nature. Un troisième est prévu le 15 janvier prochain. Ces exercices visent à vérifier si les procédures sont correctement suivies par les équipes d'accueil et les équipes soignantes.
2- DES LOCAUX PRÊTS À ACCUEILLIR DES MALADES
Les anciens locaux de la dialyse ont été reconfigurés pour accueillir d'éventuels cas suspects. Une chambre spécifique, en service réanimation, en pression d'air négative et avec deux sas d'entrée, pourrait quant à elle accueillir les cas les plus graves.
Mais ces dispositions sont provisoires. En effet, le Char a lancé les travaux d'un vrai secteur d'isolement, « parfaitement identique à ce que l'on peut trouver dans les douze centres référencés en métropole » , précise Dominique Delpech.
Il se trouvera dans les locaux de l'Umit (1). « Les travaux sont en cours, on pense être prêts courant janvier » , ajoute le directeur de l'hôpital.
3- UN POSTE DE SÉCURITÉ MICROBIOLOGIQUE DE CLASSE III
Le centre hospitalier est dans l'attente d'un poste de sécurité microbiologique (PSM) de classe III, la plus élevée. Cette enceinte permet d'assurer la sécurité des techniciens de labo qui seraient amenés à analyser les prélèvements biologiques.
Le PSM III doit être prochainement acheminé en Guyane, soit par avion, soit par bateau. Pour le moment, si un cas suspect se présentait à l'hôpital, les prélèvements seraient envoyés dans l'un des douze établissements de référence.
4- LES PATIENTS POURRONT ÊTRE TRAITÉS SUR PLACE
Aujourd'hui, si un cas suspect venait à se présenter, il serait transféré en France hexagonale. Quand toutes les conditions permettant aux Char de devenir un établissement de référence seront réunies, courant janvier espère le directeur, les personnes malades pourront être traitées sur place.
S.B.
Le centre hospitalier de Cayenne s'est déjà livré à deux exercices Ebola (photo d'archives)
Le centre hospitalier de Cayenne s'est déjà livré à deux exercices Ebola (photo d'archives)
Trois infirmiers du CMCK partent combattre Ebola
Trois infirmiers travaillant aux urgences du CMCK partent en mission au centre de traitement Ebola de Macenta, géré par la Croix-Rouge française en Guinée-Conakry. Dahbia, 31 ans, est partie le 15 novembre. Yannick part le 15 décembre et Charlotte, 26 ans, partira le 15 janvier.
Une quarantaine obligatoire avant le retour en Guyane
À son retour en France hexagonale, Yannick Ruaux-Morison, comme tous les soignants rentrant de zone à risque, devra rester vingt et un jours (soit le temps maximum d'incubation de la maladie) en quarantaine, à proximité d'un établissement de santé de référence. Dans le cas de Yannick, ce sera en Bretagne. Il devra prendre sa température plusieurs fois par jour. S'il fait de la fièvre, il se présentera à l'hôpital pour une prise en charge spécifique. Au terme des vingt et un jours, et après autorisation du médecin, il pourra revenir en Guyane avec la certitude qu'il n'a pas contracté le virus. Il n'y a donc aucun risque qu'il « ramène » Ebola sur notre territoire.
PLUS D'INFOS
6 331 morts
Le dernier bilan dressé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) porte le nombre de morts par le virus Ebola à 6 331, sur un total de 17 800 cas. Les pays les plus touchés sont le Liberia, la Guinée et la Sierra Léone.
L'épidémie est partie de Guinée fin décembre 2013. Au 6 décembre dernier, on enregistrait dans ce pays 1 412 décès sur 2 283 cas.
Appel aux dons
Pour mener à bien ses missions, la Croix-Rouge française a lancé un appel à dons. Vous pouvez faire un don sur le site internet www.croix-rouge.fr ou par courrier, avec un chèque à l'ordre de CRF - « Virus Ebola » à l'adresse suivante : Croix-Rouge française, « Virus Ebola » , 75 678 Paris cedex 14.
Visite au Suriname
Le directeur du centre hospitalier Andrée-Rosemon et le directeur de l'Agence régionale de santé partent aujourd'hui à Paramaribo dans le cadre de la coopération régionale. Concernant Ebola, les autorités sanitaires françaises pourraient collaborer avec nos voisins dans le domaine de la formation des personnels et du matériel nécessaire à la prise en charge (tenues, etc....).

Suivez l'info en temps réel
sur l'appli France-Guyane!

Télécharger