Des policiers filtrent l'entrée du palais
de justice. Sur le programme de l'audience correctionnelle, un nom
justifie ce déploiement préventif : Armand Achille. Le militant
indépendantiste, membre du Mouvement international pour les
réparations (MIR), a revêtu une tunique aux motifs africains et
porte ses indévissables lunettes noires. À peine arrivé à la barre,
le prévenu donne le ton. « Pas d'avocat ! Mé mo bizwen di roun
intérprète. Mo pa ka parlé fransé, mo ka parlé kréyol ! » Comme
s'ils s'attendait à une démonstration de force, les magistrats ne
montrent pas la moindre surprise. À peine un peu de lassitude. «
Vous êtes sûr, Monsieur Achille ? », l'interroge, sceptique, le
président du tribunal, Stéphane Rémy. « Mo langue a gwiyanè, paske
mo sa Gwiyanè ! » Le prévenu ne tient pas en place, il se retourne
vers la salle, interrompt les magistrats... « Ayez au moins le
respect de ne pas me couper la parole, le reprend le président.
Ici, vous n'êtes pas dans une tribune...