Elle s'appelle Jessie Sanchez. Elle attend
l'heure du déjeuner sur la terrasse fumeur de l'hôtel Ibis d'Orly,
où elle est arrivée il y a un mois, avec ses deux filles et sa
petite-fille de 2 mois. Elle discute avec Miguel, un réfugié
climatique, comme elle. Miguel habitait à Sandy-Ground, Jessie à
Saint-James. Tous deux sont originaires de la République
dominicaine. Et tous ont tout perdu lors du passage d'Irma sur
Saint-Martin, le 6 septembre. Leur maison et leur emploi. « Je veux
travailler, confie Jessie en anglais, avoir une maison. Je veux un
avenir... Je ne veux pas revenir à Saint-Martin. » Miguel, qui ne
s'exprime qu'en espagnol, déclare être prêt à aller n'importe où,
où il trouvera un job. Pour le moment, ils se contentent de la
situation présente, tout en s'étonnant d'être encore dans cette
zone aéroportuaire.
Jessie, comme Miguel, n'en dira pas plus.
Les gardiens de l'hôtel ont ordre de ne pas laisser entrer de
caméra ou d'appareil photo. « Vous ne devez même pas leur parler »
, expliquent-ils poliment quand on leur demande combien de réfugiés
climatiques sont hébergés par l'hôtel. Ces informations, c'est
Annick Girardin, ministre des Outre-mer, qui les délivrera le soir
même (mercredi soir, NDLR) à l'issue du troisième comité
interministériel pour la reconstruction de Saint-Martin (voir
encadré). Les réfugiés climatiques ont été répartis depuis leur
arrivée dans l'Hexagone entre quatre sites : l'hôtel Ibis d'Orly,
deux hôtels Ibis à Paris 17 e et Paris 10e, et enfin, à
Saint-Germain-en-Laye. Tout est pris en charge par l'État...