On limyè pou Pari

On limyè pou Pari

Valérie DURU

Près de 2 000 personnes étaient rassemblées, mercredi après-midi à Pointe-à-Pitre, pour la marche silencieuse en hommage aux victimes des attentats de Paris. Toutes tenaient à exprimer leur solidarité.

Des centaines d'anonymes ont marché aux côtés des élus pour témoigner de leur peine après les attentats de Paris et de leur solidarité envers les victimes et leurs familles. En tout, la manifestation silencieuse a rassemblé près de 2 000 personnes. (Roberto BIRHUS)

Alors que le cortège entre dans la rue Frébault, les deux candidats rivaux aux régionales, Victorin Lurel et Ary Chalus, sont côte à côte. Il s'agissait, avant tout, de renvoyer l'image d'une Guadeloupe unie et solidaire. (Roberto BIRHUS, V.D. )

Un millier de tee-shirts ont été distribués et autant de roses blanches, symboles de paix. (Roberto BIRHUS)

Le maire de Pointe-à-Pitre, Jacques Bangou, a indiqué que la Guadeloupe est debout : « Ces cafés mitraillés dans la capitale, c'est nous. Paris, c'est nous. Nous sommes ici pour faire force de résistance. Nous ne laisserons pas la barbarie l'emporter. » (Roberto BIRHUS)

Le cortège est parti de la place de la mairie un peu après 16 h 30, direction le Mémorial ACTe, via la rue Frébault, la Darse, le quai Gatine, Dubouchage, la rue Raspail et le rond-point Forbin. (Roberto BIRHUS)

Au MACTe, quand Carole Venutolo a chanté un extrait de Nabucco de Verdi extrait du choeur des esclaves - « Je chante avec toi liberté » - plusieurs autres voix se sont élevées. (Roberto BIRHUS)

Après avoir respecté 129 secondes de silence, une pour chaque tué, la foule a chanté la Marseillaise. Un moment fort en émotion. (Roberto BIRHUS)

Le préfet Jacques Billant a pris la parole pour rappeler que « la France est forte. Même blessée, elle se relève toujours. Personne ne nous ôtera les trois valeurs qui fondent notre République et sont une lumière pour l'humanité : Liberté, Égalité, Fraternité. (Roberto BIRHUS)

Jacques Martial, président du MACTe, a accueilli la marche au son des tambours et des conques à lambi. (Roberto BIRHUS)

Des centaines de lumignons posés sur le sol du MACTe formaient lles mots « On limyè pou Pari » . La lumière contre l'obscurantisme. (Roberto BIRHUS)

(Roberto Birhus)

À 15h30, mercredi, Dimitri (8 ans) et Dina (5 ans) sont déjà sur la place de la mairie de Pointe-à-Pitre avec leur maman, Catherine. Tout de blanc vêtus, ils attendent le départ de la marche silencieuse organisée par le président de Région, Victorin Lurel, et les parlementaires en hommage aux victimes des attentats de Paris.
Depuis vendredi, Catherine préserve ses enfants des terribles images diffusées à la télévision. Mais ils en ont parlé à l'école et posent beaucoup de questions. Elle leur a expliqué et Dimitri a compris qu'il « y avait eu beaucoup de morts et de blessés » . Ils ont voulu montrer qu'ils étaient solidaires, même à 8 000 km.
Chloé (15 ans et demi) et Korhane (10 ans) ont également insisté pour venir du Gosier avec leur maman. La cadette, qui est au CM2, est « triste pour tous ces gens qui ont perdu la vie pour rien » . L'aînée, élève de seconde, pense « à toutes les familles endeuillées » et elle est aussi « choquée et en colère parce qu'ils ont tué des innocents » .
« IL FAUT ÊTRE UNIS »
Sur le parvis de l'hôtel de ville, dans la foule des anonymes, il y a aussi Ketty (65ans) et Jacqueline (62ans), qui ont fait la route depuis Trois-Rivières. « Parce qu'il faut être unis. » Jacqueline a de la peine pour toutes les victimes. Elle se sent d'autant plus concernée par ce qui s'est passé que son fils, cadre à la SNCF, vit en Seine-Saint-Denis.
Alors ce matin, quand elle a entendu aux infos qu'il y avait eu des interpellations dans sa rue et deux morts, dont une femme qui a actionné sa ceinture d'explosifs, elle a été prise d'une terrible angoisse (lire aussi en pages 33 et 34). « J'ai pensé à tous ceux qui étaient tombés sous les balles et j'ai téléphoné aussitôt. »
Elle a été soulagée quand il a répondu. « J'ai pu lui parler et il allait bien. » Il a effectivement croisé la police en bas de chez lui alors qu'il allait travailler vers 5h30, qui lui a demandé de partir. « Il m'a dit que cela fait drôle quand même de voir un fusil d'assaut à la fenêtre de sa voiture. »
« À L'ABRI NULLE PART »
Cette ultraviolence, tous ces morts et ces blessés au coeur de Paris, l'état d'urgence décrété, la France en état de guerre. Beaucoup, comme Jacqueline, en sont encore abasourdis. « Ça ne devrait pas exister tout ça. » Et puis ça fait peur. À la petite Chloé, mais pas seulement. Catherine l'avoue, « depuis vendredi, quand je marche dans la rue, je regarde à droite et à gauche » .
Car même en Guadeloupe, elle n'est pas très rassurée. « Ils sont partis pour faire le mal, alors on n'est à l'abri nulle part. » Jacqueline n'est pas tout à fait tranquille non plus. « On peut se promener et prendre une balle. Il y a peut-être aussi des terroristes ici. Avec nos jeunes qui s'embrigadent là-dedans, on ne sait pas ce qui peut arriver. »
Même si elle se dit que la vie continue malgré tout, pour Jacqueline, après les attentats, « elle ne peut plus se poursuivre normalement » . Et elle se demande bien ce que l'avenir réserve à ses petits-enfants. « Quelle vie vont-ils avoir ? »

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