Une barge de la solidarité pour la Dominique

Une barge de la solidarité pour la Dominique

Nicomède GERVAIS (Vidéo : Sylvère Selbonne)
Des engins de travaux publics, de l'eau, des produits de première urgence ont été embarqués à bord de la barge Sérénahier matin. (Sylvère Selbonne)
Des engins de travaux publics, de l'eau, des produits de première urgence ont été embarqués à bord de la barge Sérénahier matin. (Sylvère Selbonne)

Dans le cadre de l'aide humanitaire destinée à la Dominique, dévastée par la tempête Érika, le conseil régional et le conseil départemental ont envoyé en urgence des tractopelles, des équipements, des camions et de l'eau dans une barge pouvant contenir 500 tonnes. L'embarquement sur le Séréna, du quai n°11 du port, s'est effectué lundi.



Jocelyn Mirre, vice-président du conseil régional et président du Grand Port Caraïbes, et Josette Borel-Lincertin, présidente du conseil départemental, étaient présents, lundi matin, au départ de la barge affrétée à l'initiative du conseil régional, pour acheminer des tractopelles, des équipements, des camions et de l'eau aux Dominiquais qui ont quasiment tout perdu.
L'île voisine, ravagée par la tempête Érika, vit un moment dramatique. L'île a été touchée de part en part, il n'y a plus de voies accessibles dans les villages.
Selon ce que rapporte les premiers observateurs, il faudra entre 10 et 20 ans pour que la Dominique retrouve une vie normale. Ponts détruits, routes coupées, villages inaccessibles, le chantier est immense.
Mais dans l'immédiat, il faut parer au plus pressé. Et l'urgence, c'est l'eau, confiait hier Marine Le Page, responsable de la Plateforme d'intervention régionale Amériques Caraïbes (Pirac) de la Croix-Rouge française.
COOPÉRATION RENFORCÉE
Une évaluation faite la veille par une équipe de la Pirac faisait état d'une diminution des ressources en eau. Dans ses bagages, une unité de production d'eau potable et 52 palettes d'eau offertes par la société Karuline.
Josette Borel-Lincertin a reconnu qu'il fallait réagir vite et avec Victorin Lurel, président du conseil régional, et José Gaddar-khan, président de la Fédération régionale du bâtiment et des travaux publics, ils ont décidé de mettre en place une coopération renforcée et de mutualiser leurs compétences.
Routes de Guadeloupe commencera par rendre l'aérodrome opérationnel afin de permettre l'acheminement rapide de l'aide humanitaire. Une trentaine d'hommes de l'association écologique Verte Vallée, présidée par Gérard Berry, a été envoyée à la Dominique pour aider à nettoyer l'île.
Daniel Gustave dit Duflo, coordinateur des techniques d'insertion à Verte Vallée, et son équipe ont amené deux voitures, deux camions, un 4X4 avec des bâches, de la nourriture, de l'eau, des outils, des brouettes, etc.
L'envoi, hier, de la barge Séréna à la Dominique est une opération ponctuelle. Mais José Gaddarkhan prévoit une rotation toutes les semaines. Les exécutifs des collectivités majeures et la direction du Grand Port Caraïbes s'inscrivent dans une organisation plus large, sur place, comprenant la Banque mondiale, des organisations humanitaires non-gouvernementales, etc.
Ils attendent les prochaines sollicitations de la Dominique pour pouvoir répondre à leurs demandes.
Rapatriés par le Dragon de Martinique
Après les premières missions de reconnaissance et d'évacuation effectuées jeudi et vendredi, l'hélicoptère de la sécurité civile Dragon 972 a été à nouveau engagé à la Dominique, dimanche. Il s'agissait d'une mission d'extraction de ressortissants français et étrangers ainsi que d'une évacuation sanitaire. Un sapeur-pompier et un médecin du Samu se trouvaient à bord de l'hélicoptère. Cette opération a été réalisée en liaison avec le consul de France et le responsable de l'Alliance française.
Le Dragon 972 a procédé à l'extraction de 64 personnes, dont 40 Français, bloqués dans la zone Sud-Est de la Dominique. Ceux-ci ont été transférés à Roseau vers l'Alliance française en attendant leur rapatriement par la navette maritime. L'hélicoptère a également effectué trois évacuations sanitaires de Dominiquais blessés vers l'hôpital de Roseau et le transfert de fret humanitaire vers les zones sinistrées.
Neuf personnes sont arrivées dimanche soir en Guadeloupe par la navette de l'Express des îles. D'autres étaient attendues hier soir. Les services des préfectures et de l'Agence régionale de santé (ARS) assurent un accueil dans les différents ports d'arrivée.
 
L'ambassade de France à Castries est en mesure de renseigner les familles aux coordonnées suivantes, Tél. 001 758 455 6090 (jour) ou 001 758 484 3167 (nuit) ou par mail : renchembassy@candw.lc
AVIS D'EXPERT - Reconstruire les ouvrages d'art
Jean-Gabriel Quillin, directeur général de la collectivité Routes de Guadeloupe, a effectué une reconnaissance à la Dominique durant le week-end. Il pense que, sur le long terme, il faudra reconstruire les ouvrages d'art : franchissement des rivières sur les côtes nord et sud de l'île. Routes de Guadeloupe a envoyé deux tractopelles, un nettoyeur à haute pression mobile avec 2 000 litres de réserve d'eau, un camion avec une lame pour dégager les routes, huit personnes, deux camions de 13 tonnes et un véhicule de liaison, qui seront débarqués à Ports-mouth et seront ensuite acheminés à l'aéroport, à Marigot, 30 kilomètres plus loin, pour permettre le transport de l'aide internationale d'urgence.
Les travaux de première urgence et de première nécessité prendront 15 jours et ensuite, il faudra une programmation importante pour la reprise des travaux sur le long terme (un an ou plus).
ILS ONT DIT
Jacques Gaddarkhan, gérant de la société des transports maritimes caribéens (STMC) : « Une situation catastrophique »
« La situation est catastrophique. On se mobilise pour rétablir le réseau routier, pour redonner vie à l'île. Nous transportons des équipements, des denrées, des produits de première nécessité dans notre barge qui a une capacité de 500 tonnes. Nous réitérerons cette opération une fois par semaine, pendant un mois et demi, vers la Dominique. »
José Gaddarkhan, président de la Fédération régionale du bâtiment et de travaux publics : « Il faut aider nos amis de la Dominique »
« Quatre entreprises participent à l'opération d'urgence. Nous allons faire l'état des lieux. Et nous déciderons s'il faut encore envoyer du matériel la semaine prochaine. Nous embarquons deux chargeuses, trois tracteurs, deux tractopelles et un camion. Il nous faut aider le gouvernement et nos amis de la Dominique. »

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