Orpaillage : scénario catastrophe en Amazonie

Orpaillage : scénario catastrophe en Amazonie

Rosane FAYET
La productrice d'Amazon gold, Sarah Dupont, Laurent Kelle de WWF et Luis Fernandez, scientifique californien (RF)
La productrice d'Amazon gold, Sarah Dupont, Laurent Kelle de WWF et Luis Fernandez, scientifique californien (RF)

Le documentaire « Amazon gold » était présenté en avant-première vendredi à Cayenne. L'IRD Guyane en a profité pour dévoiler les premiers résultats de son étude sur l'Oyapock.

Trente tonnes de mercure versées par an uniquement dans la rivière de Madre de Dios (Pérou). Aucune fiction. Mais une vérité cauchemardesque, celle de l'orpaillage illégal. Ce sont les images du documentaire « Amazon gold » qui la dévoile. Au coeur de l'Amazonie péruvienne : de gigantesques trous dynamités juxtaposés. Le résultat d'une exploitation abusive et clandestine de l'or. En plus du climat perturbé par la déforestation, se pose un problème sanitaire majeur : la pollution au mercure. Ce à quoi a souhaité sensibiliser WWF, vendredi soir à l'Eldorado, bien que la réalité guyanaise soit moins inquiétante. Patrick Seyler, directeur de l'IRD, y a évoqué les premiers résultats d'une étude menée actuellement à l'intérieur du Parc amazonien : le programme Rimnes. L'analyse par prélèvement de cheveux a surpris les scientifiques : à Trois-Sauts, le taux de mercure dépassant la norme autorisée est beaucoup plus important qu'à Camopi, à 150 km de là. C'est pourtant le bourg qui est entouré par les zones orpaillées. Même constat pour les fonds de rivière. Deux hypothèses : soit les poissons descendent tous vers Trois-Sauts ; soit les populations y consomment plus de poisson, contrairement au bourg, proche des épiceries. L'étude ne dévoilera toutes ses conclusions qu'après 2015.
« EN GUYANE, SOYEZ VIGILANTS »
Luis Fernandez, chercheur californien primé et mondialement connu pour son travail sur le mercure en Amazonie, a été tout aussi surpris à Madre de Dios. Présent à cette avant-première, il confie : « On croyait que seuls les orpailleurs étaient touchés ou les populations bien autour. Or sur 1 100 personnes étudiées, 75% étaient contaminées par des taux trois fois supérieurs au seuil. Ce sont surtout les populations indigènes, jusqu'à 100 km du point d'orpaillage. Trois-quart sont des enfants. » Atteinte du système nerveux ou musculaire, de la vue, de la mobilité... « Le mercure est un fléau. Le pire c'est que ça ne se résume pas qu'au sol. L'air aussi est pollué. Le vent et la pluie en propagent. » Aussi, sur la quinzaine d'espèces de poissons étudiée à Madre de Dios, 60% était infectée. « Ce que j'ai à dire à la Guyane c'est qu'on est loin de cette hécatombe. Mais soyez vigilants, car la vitesse d'évolution est incroyable. Ils sont 70 000 orpailleurs clandestins à Madre de Dios aujourd'hui. Ce chiffre a doublé en à peine cinq ans! »

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